L'exposition

Voilà qu'un homme ganté de noir passe sa main au travers d'un trou circulaire et uniforme d'une fenêtre. La main se posa sur la poignée. Elle s'abaissa lentement dans un léger grincement. Le taqué sortit et la porte pivota sur ses gons. Elle s'ouvrit sur un vestibule contenant diverses pancartes. Le faisceau lumineux de la lampe torche éclaira l'un d'eux : "Exposition Egyptienne".

Une ombre se mouvra à l'intérieur et prit la direction du panneau. Le couloir sombre et long allongeait la lumière de la lampe torche vers le néant du noir absolu. Des reflets.

Les couvercles de verre, protecteurs des objets antiques déterrés quelques mois plutôt. La salle d'exposition pénétra dans la pénombre de la source lumineuse. Elle éclaira l'un des hublots carrés. La pierre verte jade reflétait la lumière par ses multitudes facettes façonnées par l'homme aux mains douces et soigneuses. Pierre destinée à son dieu vivant, son pharaon. "Jamais tu ne quitteras notre pharaon, notre maître de bonté". La pierre avait cette emprunte.

Dès qu'elle l'avait vu, l'ombre humaine avait compris son message. L'objet l'avait comme transpercée.

Furtivement, les pieds avancèrent dans une danse spéciale jusqu'au support rectangulaire noir de la Jade.

Le sac, par la force de la gravité, toucha le sol, sortant de l'ombre qui s'affinait. Le zip s'ouvrit. Les mains noires plongèrent dans l'ouverture. Le coude se releva, remontant le reste du bras allongé d'un outil.

La ventouse centrale s'accola sur la paroi de verre. La tige de fer, dont l'extrémité aiguisée se posa à son tour sur la protection. La pression des doigts sur le fer entra la pointe dans le verre puis, l'extension de l'outil faisant un cercle, le coupa nettement.

La partie incisée fut séparée du bloc. Une main noire se glissa dans l'ouverture circulaire. Les doigts frôlèrent le vert sombre du solide. La paume noire toucha la pierre précieuse. Cette dernière, prise dans le piège de la main, sortit lentement de son socle, passa la protection de verre…

Des lumières rouges s'allumèrent et englobèrent de leurs faisceaux lumineux l'obscurité de la pièce. Puis, un signal sonore suraigu à crever les tympans brisa le silence de la salle. Une porte s'ouvrit d'un mouvement brusque sur un homme de forte corpulence.

"Salina!!!" S'écria-t-il lorsqu'il vit le visage de la jeune exploratrice.

Quelques temps avant, elle avait découvert la tombe d'un seigneur des déserts en Afrique. Aujourd'hui, elle le regrettait.

La sonnerie s'arrêta. La honte s'était peinte sur son visage lorsqu'elle avait posé ses yeux sur son plus fidèle ami, sur le détective. Elle avait raté son premier et dernier vol. Elle avait échoué dans sa mission.

"La pierre doit rester avec son maître, avec son propriétaire." Ce furent les seules paroles qu'elle s'entendit dire avant de prendre le couteau à sa ceinture et de se l'enfoncer dans son torse.

Elle avait reçu une éducation basée sur les pensées, la culture de l'ancien Japon.

L'homme se précipita. Elle avait visé le cœur.

Par la suite, chaque soir, durant toute la durée de l'exposition, son fantôme revenait en vain essayer de finir son acte, sa mission. Elle suivit la pierre jusqu'au jour ou elle rejoignit son propriétaire.

 

Andriope

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